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et que le fermier payant une rente soit plus opprimé par son landlord que le tenancier irlandais, cependant, dit M. de Laveleye, « les sentiments hostiles à l’ordre social ne se manifestent pas, » par les raisons suivantes :

« Le tenancier bien qu’opprimé par l’élévation constante des rentes, vit parmi ses égaux, paysans comme lui, qui ont des tenanciers avec lesquels ils agissent, comme le propriétaire agit avec les siens. Son père, son frère, lui-même peut-être, possède quelque chose comme un acre de terre qu’il loue le plus cher possible. Au cabaret, les paysans propriétaires se vanteront de la rente élevée qu’ils tirent de leurs terres, comme ils pourraient se vanter d’avoir vendu très cher leurs porcs ou leurs pommes de terre. Louer le plus cher possible leur semble donc chose toute naturelle, et il ne leur viendra jamais à l’idée que la propriété de la terre soit une mauvaise chose, ou qu’il est fâcheux que les propriétaires forment une classe. L’esprit du paysan propriétaire ne s’arrêtera jamais non plus sur l’idée d’une caste de landlords étant les maîtres, de « tyrans ayant soif de sang, » s’engraissant des sueurs des fermiers.appauvris, et ne faisant rien par eux-mêmes ; car ceux qui imposent les plus durs marchés, ne sont pas les grands propriétaires eux-mêmes, mais bien ses égaux. Ainsi la distribution d’un nombre de petites propriétés parmi les paysans, forme une espèce de rempart, de sauvegarde pour les grands propriétaires, et la petite propriété peut être appelée sans exagération, le conducteur lumineux qui écarte de la société des dangers qui sans cela produiraient de violentes catastrophes.

« La concentration de la terre entre les mains d’un petit nombre de familles, est une sorte de provocation à une législation nivelante. La position de l’Angleterre, si enviable sous bien des rapports, me semble, de ce côté, pleine de dangers pour l’avenir. »

Il me semble, pour la raison même exprimée par M. de Laveleye, que la position de l’Angleterre est pleine d’espérance.