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l’autre côté du canal, cela doit être attribué je crois, non seulement à cette grande division de la propriété, mais à un autre fait qui explique la durée de la division de la propriété c’est que le progrès matériel n’y a pas été aussi rapide. La population n’y a pas non plus augmenté avec la même rapidité (elle est restée au contraire presque stationnaire), et les progrès dans les méthodes de production n’y ont pas été si grands. Néanmoins, M. de Laveleye, dont toutes les préférences sont pour la petite propriété, et dont le témoignage aura par conséquent plus de poids que celui d’observateurs anglais, qu’on pourrait supposer avoir des préjugés favorables au système de leur propre pays, établit dans ses études sur les Land systems de Belgique et de Hollande, imprimées par le Cobden-Club, que la condition du travailleur est, là où la division de la terre est la plus grande, pire qu’elle n’est en Angleterre ; et que les fermiers, car le fermage domine, même quand le morcellement est le plus grand, sont taxés au plus haut prix, avec une dureté inconnue en Angleterre et même en Irlande, et que leur émancipation, « loin de les élever dans l’échelle sociale, n’est qu’une source de mortification et d’humiliation pour eux, car ils sont forcés de voter suivant les ordres du propriétaire, au lieu de suivre leurs propres inclinations et convictions. »

Mais en même temps que la subdivision de la terre ne peut ainsi rien faire pour guérir les maux causés par le monopole de la terre, en même temps qu’elle n’élève pas les salaires et n’améliore pas la condition des basses classes, elle tend à empêcher l’adoption de mesures plus efficaces et plus radicales, et à renforcer le système injuste existant, en intéressant un plus grand nombre de gens à son existence. M. de Laveleye en ter minant l’étude déjà citée, prêche la grande division de la terre comme le moyen le plus sûr de garantir les grands propriétaires anglais contre quelque chose de plus radical. Bien que dans les districts où la terre est ainsi morcellée, la condition du travailleur soit, suivant lui, pire que dans le reste de l’Europe,