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la Grande — Bretagne, il y aurait simplement une propriété pour le tenancier, découpée dans la propriété du landlord. La condition du travailleur n’en serait nullement améliorée. Si l’on défendait aux landlords d’augmenter la rente payée par leurs tenanciers, et d’expulser leurs tenanciers tant qu’ils paient la rente, le corps des producteurs ne gagnerait rien à la chose. La rente augmenterait encore, et diminuerait constamment la part du produit allant au travail et au capital. La seule différence serait que les tenanciers des premiers landlords, qui seraient devenus landlords à leur tour, profiteraient de l’augmentation. la restriction de l’étendue de terre pouvant être possédée par une seule personne, si, par une réglementation des partages et successions, par des taxes, les quelques milliers de propriétaires de la Grande-Bretagne étaient augmentés de deux ou trois millions, ces deux ou trois millions d’individus seraient les gagnants. Mais le reste de la population ne gagnerait rien. Elle n’aurait pas plus part qu’auparavant aux avantages que donne la propriété de la terre. Et si, ce qui est manifestement impossible, on faisait une égale distribution de la terre entre la population, donnant à chacun une part semblable, si des lois s’opposaient à la tendance à la concentration, et défendaient à chacun de posséder plus que la part assignée, qu’adviendrait-il de l’accroissement de population ?

On peut voir ce que produirait une plus grande division de la terre, en observant ce qui se passe dans les provinces de la France et de la Belgique où prévaut la petite propriété. Sans aucun doute cette grande division est meilleure, en somme, et donne une base plus stable à l’État, que la division qui prévaut en Angleterre. Mais il est également clair qu’elle ne fait nullement hausser les salaires, et n’améliore pas la condition de la classe qui ne possède que son travail. Les paysans français et belges pratiquent une économie rigide inconnue à tous les peuples parlant anglais. Et si dans ces deux pays les symptômes de pauvreté et de misère ne sont pas aussi apparents que de