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IV. — De la coopération.

Depuis quelque temps, il est de mode de prêcher la coopération comme le remède souverain aux plaintes des classes ouvrières. Mais, malheureusement pour l’efficacité de la coopération comme remède aux maux sociaux, ces maux ainsi que nous l’avons vu, ne naissent pas d’un conflit entre le travail et le capital ; et si la coopération était universelle, elle ne pourrait ni élever les salaires, ni soulager la pauvreté. Nous le constaterons facilement.

La coopération revêt deux formes : il y a la coopération pour la consommation, et la coopération pour la production. La coopération pour la consommation, poussée aussi loin que possible c’est-à-dire supprimant les intermédiaires, ne fait que réduire le coût des échanges. C’est tout simplement un moyen d’économiser le travail, et d’éliminer les risques, et son effet sur la distribution ne peut être que semblable à celui des améliorations et des inventions qui ont si puissamment de nos jours abaissé le prix des échanges, les ont facilités, c’est-à-dire ont augmenté la rente. Et la coopération dans la production est simplement le retour à une forme de salaire que l’on trouve encore dans la pêche de la baleine. C’est la substitution des salaires proportionnés à des salaires fixes, substitution dont il y a des exemples accidentels dans presque tous les métiers ; ou si la direction est laissée aux ouvriers, et que le capitaliste ne fasse que prendre la part du produit net qui lui revient, c’est simplement le système qui a si largement prévalu en Europe depuis l’Empire Romain, le système de la colonie ou du métayage. Tout ce qu’on demande à la coopération pour la production, c’est de rendre l’ouvrier plus actif et plus industrieux, en d’autres termes d’accroître l’efficacité du travail. Ainsi son effet est semblable à celui de la machine à vapeur, de la machine à éplucher le coton, de la moissonneuse, en un mot de toutes les choses dont se compose