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réelle importance. Mais ce n’est pas une réduction dans les dépenses gouvernementales qui par elle-même guérira ou mitigera les maux qui naissent de l’inégale répartition de la richesse.

II. De la diffusion de l’éducation, et des habitudes meilleures de travail et d’économie.

Les classes aisées ont toujours cru que la pauvreté et la souffrance des masses étaient dues à leur manque de travail, de frugalité et d’intelligence. Cette croyance, qui diminue le sentiment de la responsabilité, et flatte en suggérant des idées de supériorité, est peut-être plus générale encore dans les pays comme les États-Unis où tous les hommes sont politiquement égaux, et où, à cause de la nouveauté de la société, la différentiation entre les classes a plutôt lieu entre des individus qu’entre des familles, que dans les pays plus anciens où les lignes de séparation existent depuis plus longtemps et sont plus profondes. Il est naturel que ceux qui peuvent attribuer leur bonne position à l’habileté et la frugalité supérieures qui leur ont donné un point de départ, et à l’intelligence supérieure qui leur a permis de tirer parti des circonstances[1], s’imaginent que ceux qui sont restés pauvres, le sont restés simplement parce qu’ils manquaient de ces qua lités.

Mais quiconque a compris les lois de la distribution de la richesse, telles qu’elles ont été exposées dans les chapitres précédents, verra l’erreur enfermée dans cette croyance. L’erreur est semblable à celle que renfermerait l’assertion que dans une course chacun des compétiteurs doit gagner. Quelqu’un doit gagner, c’est parfaitement vrai, mais que chacun le puisse, c’est impossible.

Car aussitôt que la terre acquiert une valeur, les salaires,

  1. Sans parler d’une absence supérieure de conscience, qui est souvent la qualité déterminante qui fait un millionnaire d’un homme qui autrement aurait pu être un pauvre homme.