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augmenter d’un iota la richesse de la communauté, dans dix ans vous serez riche ! Dans la nouvelle cité, vous pourrez avoir une maison luxueuse ; mais parmi les constructions publiques, il y aura une maison de refuge.

Dans notre longue investigation nous avons avancé pas à pas vers cette vérité simple : la terre est nécessaire à l’exercice du travail dans la production de la richesse ; être maître de la terre, c’est être maître de tous les fruits du travail, sauf de ceux qui permettent au travail d’exister. Nous avons avancé comme en pays ennemi, où l’on doit assurer chaque pas fait en avant, fortifier chaque position, explorer chaque sentier ; car, dans son application aux problèmes sociaux et politiques, cette simple vérité est cachée à la grande masse des hommes, en partie par sa simplicité même, en partie par les erreurs très répandues, les habitudes fâcheuses de l’esprit, qui les conduisent à chercher partout, excepté à l’endroit voulu, une explication des maux qui oppriment et menacent le monde civilisé. Et derrière ces erreurs soigneusement élaborées, ces théories qui égarent les esprits, il y a une puissance énergique et active, une puissance qui partout, quelle que soit la forme du gouvernement, décrète des lois et façonne la pensée, la puissance de l’intérêt pécuniaire dominant.

Mais cette vérité est si simple et si claire, que la voir une fois c’est l’admettre pour toujours. Il y a des peintures qui, bien qu’on les ait souvent regardées, ne présentent qu’un labyrinthe confus de lignes ou d’enroulements – un paysage, des arbres, ou quelque chose du même genre — jusqu’au moment où on appelle l’attention sur le fait que ces choses forment un ensemble ou une figure. Le rapport une fois constaté est toujours clair en suite. Il en est de même pour notre vérité. À la lumière de cette vérité tous les faits sociaux se groupent d’eux-mêmes, suivant l’ordre de leurs rapports, et l’on voit les phénomènes les plus divers sortir d’un seul et grand principe. Ce n’est pas dans les relations du capital et du travail, ce n’est pas dans l’excès de la population sur les moyens de subsistance, qu’il faut chercher