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sonne franchissait le second degré de raisonnement, elle vous dirait que la chose arriverait sans qu’une part considérable du travail anglais soit détournée vers les nouvelles ressources naturelles, et sans que les formes et la direction de l’industrie soient bien changées ; que les genres de production qui rapporteraient moins au propriétaire et aux travailleurs réunis, que ne rapporterait la nouvelle terre au travail, seraient seuls abandonnés. La grande hausse des salaires se ferait aux dépens de la rente. Prenez maintenant le même homme, ou un autre, quelque homme d’affaire à tête dure, n’ayant pas de théories, mais sa chant comment on gagne de l’argent. Et dites-lui : « Voici un petit village ; dans dix ans ce sera une grande ville, dans dix ans le chemin de fer aura remplacé la diligence, la lumière électrique la chandelle ; elle renfermera en abondance toutes les machines, toutes les inventions qui multiplient énormément la puissance effective du travail. Dans dix ans l’intérêt sera-t-il plus élevé ? »

Il vous dira : « Non ! »

« Les salaires du travail moyen seront-ils plus élevés ; sera-t-il plus facile à un homme n’ayant rien que son travail, de se créer une vie indépendante ? »

Il vous dira : « Non ; les salaires du travail moyen ne seront pas plus élevés ; au contraire, suivant toutes les chances ils seront plus bas ; il ne sera pas plus facile au simple ouvrier de vivre d’une façon indépendante ; il y a des chances pour que sa vie soit plus dure. »

« Qu’est-ce qui alors aura haussé ? »

« La rente, la valeur de la terre. Allez, achetez vous-même un lot de terrain, et prenez-en possession. »

Et si dans ces circonstances vous suivez cet avis, vous n’avez plus besoin de rien faire. Vous pouvez vous asseoir et fumer votre pipe ; vous pouvez vous coucher comme les lazzaroni de Naples ou les leperos du Mexique ; vous pouvez monter en ballon ou creuser un trou dans la terre ; et sans rien faire, sans