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l’abondance, pourquoi la richesse tend à former des agrégations de plus en plus grandes. Elle explique le retour périodique des crises industrielles, sans avoir recours aux deux arguments absurdes de « l’excès de production » et « de l’excès de consommation. » Elle explique l’oisiveté forcée d’un nombre considérable d’individus qui voudraient bien être des producteurs, oisiveté qui diminue la force productive des communautés avancées, sans avoir pour cela recours à l’assertion absurde qu’il y a trop peu d’ouvrage à faire, ou qu’il y a trop d’ouvriers pour le faire. Elle explique les effets désastreux qu’a souvent pour les classes ouvrières l’introduction des machines, sans nier les avantages naturels que donne l’usage des machines. Elle plique le vice et la misère qui se révèlent au milieu des populations très denses, sans attribuer aux lois de Celui qui possède toute sagesse et toute bonté, les défectuosités qui n’appartiennent qu’aux lois égoïstes et peu clairvoyantes des hommes. Cette explication est d’accord avec tous les faits. Examinez le monde entier aujourd’hui. Dans les pays les plus différents, dans les conditions les plus diverses sous le rapport gouvernemental, industriel, sous celui des tarifs et des prix courants, vous trouverez la misère dans les classes ouvrières ; partout où vous trouverez ainsi la misère et la privation au milieu de la richesse, vous verrez que la terre est monopolisée, qu’au lieu d’être considérée comme la propriété commune de tout le peuple, elle est considérée comme la propriété privée d’individus ; que, pour que le travail puisse s’en servir, on ex torque des gains du travail, des revenus considérables. Considérez le monde entier aujourd’hui, comparant entre eux des pays différents, et vous verrez que ce n’est ni l’abondance du capital, ni la productivité du travail qui font que les salaires sont bas ou hauts ; mais bien l’étendue de ce que les accapareurs de la terre peuvent, sous forme de rente, lever en tribut sur les gains du travail. N’est-ce pas un fait notoire, connu même des ignorants, que les nouveaux pays, où la richesse totale est pe-