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En toute chose, la tendance directe de la civilisation progressant, est d’augmenter la puissance du travail humain pour satisfaire les désirs humains, pour détruire la pauvreté, et pour bannir le besoin et la crainte du besoin. Toutes les choses qui constituent le progrès, toutes les conditions pour lesquelles com battent les communautés progressives, ont pour résultat naturel et direct l’amélioration de la condition matérielle ( et par conséquent de la condition intellectuelle et morale) de tous ceux soumis à leur influence. L’accroissement de population, l’accroissement et l’extension des échanges, les découvertes de la science, le progrès de l’invention, l’extension de l’instruction, les progrès du gouvernement, l’amélioration des mœurs considérées comme des forces matérielles, ont tous une tendance directe à accroître la puissance productive du travail, non pas d’un travail particulier, mais de tous les genres de travail ; non du travail appliqué à certaines industries, mais à toute l’industrie ; car la loi de la production de la richesse en société est la loi du « chacun pour tous, et tous pour chacun. »

Mais le travail ne peut recueillir les bénéfices qu’apportent ainsi les progrès de la civilisation, parce qu’ils sont interceptés. La terre étant nécessaire au travail, et étant soumise au régime de la propriété individuelle, chaque accroissement de la puissance productive du travail ne fait qu’accroître la rente — prix que doit payer le travail pour avoir la permission d’utiliser les forces de la terre ; ainsi, tous les avantages gagnés par la marche du progrès vont aux propriétaires de la terre et les salaires n’augmentent pas. Les salaires ne peuvent pas augmenter ; car plus le gain du travail est grand, plus grand est le prix que doit donner le travail sur son gain, pour avoir la permission de ne rien gagner du tout. Le simple travailleur n’a donc pas plus intérêt au progrès général de la puissance productive, que n’en a l’esclave cubain à la hausse du prix du sucre. Et de même que la hausse du prix du sucre peut rendre pire la condition de l’esclave cubain, en engageant son maître à le mener