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mais se briserait tout à coup en morceaux. L’organisation industrielle peut être assimilée à cette pyramide. Dans quelle proportion, dans un état donné de développement social, sont par rapport les unes aux autres les diverses industries, c’est difficile et même impossible à déterminer ; mais il est évident que cette proportion existe, de même que dans la fonte de caractère d’un imprimeur il y a proportion entre les lettres. Chaque forme de l’industrie, comme elle est développée par la division du travail, sort des autres, et toutes reposent en dernier lieu sur la terre ; car, sans la terre, le travail est aussi impuissant que le serait un homme lancé dans l’espace. Pour mieux approprier l’exemple à la condition d’un pays en progrès, imaginons une pyramide composée de couches superposées, le tout grandissant et s’étendant constamment. Supposons que l’accroissement de la couche la plus près du sol soit entravée. Les autres continueront à s’étendre pendant un certain temps, — et de fait, pendant un moment, il y aura tendance à ce que l’accroissement soit plus rapide, car la force vitale qui ne peut opérer sur la couche fondamentale, essaiera d’opérer sur les couches supérieures, jusqu’à ce que, à la fin, l’équilibre n’existant plus, l’édifice s’écroule de tous côtés.

Je crois qu’il est maintenant clair que là est la cause principale, et la marche habituelle, de ces paroxysmes périodiques de paralysie industrielle qui deviennent un des traits marqués de la vie sociale moderne. Et que le lecteur se rappelle que nous ne faisons que chercher les causes principales et la marche générale de tels phénomènes, afin, ce qui est possible, de les décrire exactement. L’économie politique ne peut et ne doit s’occuper que des tendances générales. Les forces dérivées ont des formes si multiples, une action et une réaction si variées, qu’on ne peut pas prédire quel sera le caractère exact d’un phénomène. Nous savons qu’un arbre coupé doit tomber, mais l’endroit précis où il tombera sera déterminé par l’inclinaison du tronc, la longueur des branches, la direction des coups, la force et la direction du