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Presque jusqu’à sa clôture, la dernière décade a été marquée en Californie par la même activité industrielle que dans les États du Nord, et, de fait, dans tout le monde civilisé, — l’interruption des échanges et l’arrêt de l’industrie causés par la guerre et le blocus des ports du Sud, mis à part. On ne pourrait pas attribuer cette activité à la hausse des cours, ni aux dépenses immodérées du gouvernement général, comme on l’a fait à propos des États de l’Est ; car en dépit des lois d’offre légale, la côte du Pacifique adhéra à un cours de l’argent, et le gouvernement fédéral enleva beaucoup plus qu’il ne rendit en dépenses. On ne devait l’attribuer qu’à des causes normales, car, bien que la décadence commençât pour les mines d’or, les mines d’argent du Nevada venaient d’être découvertes, le blé et la laine allaient compter, à la place de l’or, parmi les matières d’exportation, et l’accroissement de la population, et les progrès des méthodes de production et d’échange, ajoutaient constamment à l’efficacité du travail.

Avec le progrès matériel, vint naturellement la hausse constante des valeurs foncières. Cette hausse constante engendra une hausse fictive, qui, avec l’ère des voies ferrées, augmenta dans toutes les directions la valeur de la terre. Si la population de la Californie avait crû constamment alors que la route longue, coûteuse et dangereuse à cause des fièvres, de l’isthme de Panama, était le principal mode de communication avec les États de l’Atlantique, elle devait, semble-t-il, s’accroître énormément avec l’ouverture de la route qui mettait le havre de New-York à sept jours d’un voyage facile de la baie de San-Francisco, et avec l’ouverture des routes, qui, dans l’État lui-même, permettaient à la locomotive de remplacer les diligences et les voitures lourdement chargées. La hausse attendue des valeurs foncières était escomptée d’avance. Les lots des environs immédiats de San-Francisco montèrent de cent, de mille pour cent, et les terres cultivables atteignirent des prix élevés de quelque côté qu’auraient pu se tourner les émigrants.