Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/273

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

diates. La complexité et la dépendance croissantes du mécanisme de la production, qui font que chaque échec ou chaque arrêt se propage immédiatement en cercles s’élargissant ; l’instabilité, défaut essentiel des cours ; les variations effrayantes qui se produisent dans les formes les plus simples du crédit commercial constituant le médium le plus important des échanges ; les tarifs protecteurs qui opposent des barrières artificielles au jeu réciproque des forces productives, et d’autres causes semblables, ont sans doute une part importante dans la production et la durée de ce qu’on appelle des temps difficiles. Mais, en considérant les principes et en observant les phénomènes, on voit clairement que la grande cause initiale doit être cherchée dans le progrès de spéculation des valeurs foncières.

Dans le chapitre précédent j’ai montré que le progrès dû à la spéculation sur les valeurs foncières, tendait à reculer la limite de culture ou de production, au delà du point normal, forçant le travail et le capital à accepter un revenu plus faible, ou (et c’est la seule manière dont ils puissent résister à cette tendance) de cesser de produire. Non seulement il est naturel que le travail et le capital résistent à l’abaissement des salaires et de l’intérêt, mais cela est nécessaire pour leur défense personnelle, attendu qu’il y a un minimum de revenu au-dessous duquel le travail ne peut exister, ni le capital se conserver. Donc, du fait de la spéculation sur la terre, nous pouvons inférer tous les phénomènes qui marquent ces retours périodiques de crises industrielles.

Étant donnée une communauté progressive, dans laquelle la population augmente, et les améliorations se succèdent, la terre doit constamment augmenter de valeur. Cet accroissement constant doit naturellement amener des spéculations qui anticipent sur l’accroissement futur, et fait que les valeurs foncières dépassent le point où, dans les conditions actuelles de production, leurs revenus habituels seraient laissés au travail et au capital. La production commence donc à s’arrêter. Non pas qu’il y ait