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que sur la limite actuelle de culture, ou sur la rente actuelle. Mais dans des communautés comme les États-Unis, où celui qui se sert de la terre préfère en général, s’il le peut, la posséder, et où il y a de grands espaces de terre à occuper, cette influence est énorme.

L’aire immense sur laquelle la population des États-Unis est dispersée, le prouve bien. L’homme qui part des côtes Est pour chercher la limite de culture, où il pourra avoir de la terre sans payer de rente, doit, comme celui qui traverse une rivière pour gagner une boisson, passer pendant longtemps par des fermes à moitié cultivées, traverser de grandes surfaces de terrain vierge, avant d’atteindre le point où la terre peut être obtenue sans payer de rente, c’est-à-dire par prise de possession première, ou par préemption. Il (et, avec lui, la limite de culture) est forcé d’aller beaucoup plus loin qu’il n’aurait été si la spéculation n’avait pas acheté ces terres inoccupées dans l’attente d’un accroissement de valeur dans l’avenir. Et quand il s’arrêtera, il prendra, s’il le peut, plus de terre qu’il ne pourra en cultiver, pensant que bientôt cette terre aura une valeur ; ainsi ceux qui le suivent sont encore forcés d’aller plus loin que ne le demandent les nécessités de la production, portant la limite de culture à des points encore moins productifs parce qu’ils sont encore plus éloignés.

On peut voir la même chose dans chaque cité croissant rapidement. Si la terre de qualité supérieure pour la location, était toujours complètement occupée avant qu’on ait recours à la terre de qualité inférieure, à mesure que la cité augmenterait, il ne resterait pas de lots vacants, on ne verrait pas de misérables huttes encastrées dans des constructions coûteuses. Ces lots, dont quelques-uns ont une grande valeur, sont soustraits à l’usage qu’on pourrait en faire, parce que leurs propriétaires ne pouvant ou ne voulant les améliorer, préfèrent, dans l’attente d’une hausse dans les valeurs foncières, les conserver pour le moment où ceux qui désirent les améliorer, en donneront un