Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/266

Cette page n’a pas encore été corrigée

venir à des individus qui ne sont pas propriétaires fonciers, qui concentrent en leurs mains des parties considérables du produit augmenté, cependant, il n’y a rien dans toutes ces améliorations qui tende à accroître le revenu général soit du travail, soit du capital.

Mais nous devons maintenant, pour bien expliquer l’influence du progrès matériel sur la distribution de la richesse, prendre en considération une cause jusqu’ici laissée de côté. Cette cause est l’attente confiante du renchérissement futur des valeurs foncières qui naît dans tout pays progressif de l’accroissement constant de la rente, et qui produit la spéculation, ou élévation du prix de la terre au-dessus du point qu’elle aurait atteint autrement.

Nous avons déjà supposé, ce qu’on suppose généralement en faisant la théorie de la rente, que la limite actuelle de culture coïncide toujours avec ce qu’on peut appeler la limite nécessaire de culture ; c’est-à-dire que nous avons supposé que la culture s’étend à des points moins productifs seulement parce que cela devient nécessaire, les forces et substances naturelles des points les plus productifs étant pleinement utilisées. Ceci, probablement, est le cas des communautés stationnaires ou ne progressant que très lentement ; mais dans les communautés progressant rapidement, où l’accroissement constant et prompt de la rente permet d’avoir confiance en un accroisse ment plus grand, ce n’est pas le cas. Dans ces communautés, l’attente confiante de prix plus élevés, produit, plus ou moins, l’effet d’une ligue entre les propriétaires fonciers, et tend à faire retirer des terres de la culture, dans l’attente de prix plus élevés, forçant ainsi la limite de culture à s’étendre plus que ne le demanderaient les nécessités de la production. Cette cause doit avoir une certaine influence dans toutes les communautés progressives, bien que, dans des pays comme l’Angleterre, où le système du fermage prévaut dans l’agriculture, cette influence s’exerce plutôt sur les prix de vente de la terre,