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ture, il n’est pas nécessaire de tenir compte des perturbations dans le mouvement descendant de la limite de culture, et du mouvement ascendant de la rente. Ce que je veux rendre clair, c’est que, sans aucun accroissement de population, le progrès de l’invention tend constamment à donner une partie de plus en plus grande du produit aux propriétaires de la terre, et une partie de plus en plus petite au travail et au capital.

Et comme nous ne pouvons pas assigner de limites aux progrès de l’invention, nous ne pouvons pas non plus assigner de limites à l’accroissement de la rente, sauf celles du produit entier. Car, si les inventions économisant le travail se poursuivaient jusqu’à ce qu’on ait atteint la perfection, et si l’on avait complètement éliminé la nécessité du travail dans la production de la richesse, alors on pourrait obtenir toute chose que la terre peut rapporter, sans travail, et la limite de production serait étendue à zéro. Les salaires ne seraient rien, l’intérêt rien, la rente prendrait tout. Car les propriétaires de la terre pouvant obtenir sans travail toute la richesse que peut donner la nature, ni le travail, ni le capital n’auraient leur emploi, ni aucun moyen de réclamer une part de la richesse produite. Et quelque peu considérable que puisse être la population, si le corps des propriétaires continuait seul à exister, le reste de la population serait à la merci des propriétaires, elle ne subsisterait que pour l’amusement des propriétaires ou que par leur bonté, comme classe pauvre.

Ce point d’absolue perfection dans les inventions économisant le travail peut sembler bien éloigné, et même impossible à atteindre ; mais c’est un point vers lequel tend chaque jour plus fortement le progrès de l’invention. Et dans l’éclaircissement de la population des comtés agricoles de la Grande-Bretagne, où les petites fermes sont converties en fermes plus grandes, et dans les grands champs travaillés mécaniquement de la Californie et du Dakota, où l’on peut parcourir des milles et des milles à travers les blés ondulants sans voir une habita-