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avec le même travail, gagner un tiers en plus, en quantité ou en qualité, des choses qu’il désire.

Ainsi, quand la division du travail existe et que la production se fait par les mains d’une quantité d’individus, un accroissement dans la puissance de produire une des choses formant la production totale, ajoute à la facilité d’obtenir les autres choses, et augmente la production des autres, jusqu’à un certain point déterminé par la part qu’apporte l’économie de travail à la somme totale de travail dépensé, et par la force relative des désirs. Je ne peux pas concevoir une forme quelconque de richesse dont la demande ne serait pas plus forte à la suite d’une économie dans le travail nécessaire pour produire les autres formes. On a choisi, comme exemple de choses dont la demande est peu sujette à l’accroissement, les cercueils ; mais l’exemple n’est bon que par rapport à la quantité. Personne ne doutera que l’accroissement de puissance de production, n’amène une extension dans la demande des cercueils, quand on se rappellera combien est puissant le désir de prouver son respect pour les morts en faisant des funérailles coûteuses.

La demande de nourriture n’est pas non plus limitée, comme on l’affirme souvent, mais à tort, dans les traités d’économie politique. On parle souvent de la subsistance comme si c’était une quantité fixe ; mais elle n’est fixe qu’en ce sens qu’elle a un minimum défini. En dessous d’un certain point, l’homme ne peut pas vivre ; et en dessous d’un point beaucoup moins bas, l’homme ne peut pas vivre en bonne santé. Mais au-dessus de ce minimum, la subsistance que peut employer un homme, peut être augmentée presque indéfiniment. Adam Smith dit, et Ricardo à sa suite, que le désir de nourriture est limité en chaque homme par la capacité étroite de l’estomac humain ; mais évidemment cela n’est vrai qu’en ce sens que lorsque l’homme a le ventre plein, sa faim est satisfaite. Ses demandes de nourriture n’ont pas une semblable limite. L’estomac d’un Louis XIV, d’un Louis XV, ou d’un Louis XVI, ne pouvait contenir ou di-