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le style le plus coûteux, aménagées de façon à prévenir tous les désirs. Et cependant elles n’ont pas autant de valeur que la terre sur laquelle elles sont, que la terre toujours pareille, qui lorsque notre premier colon vint s’y établir, n’avait aucune valeur.

Chacun peut voir par lui-même que c’est bien ainsi qu’agit l’accroissement de la population sur l’accroissement de la rente. C’est sous nos propres yeux que la chose se passe. La différence dans la puissance productrice du sol en usage qui va augmentant, et qui cause l’accroissement de la rente, ne résulte pas tant de la nécessité pour une population augmentant de s’attaquer aux terres inférieures, que de l’accroissement de puissance productive que donne à la terre l’accroissement de population. Les terres ayant le plus de valeur sur le globe, les terres qui rapportent la rente la plus forte, ne sont pas les terres d’une fertilité naturelle supérieure, mais les terres auxquelles l’accroissement de population a donné une utilité supérieure.

L’accroissement de puissance productive ou d’utilité que l’accroissement de population donne à certaines terres, de la façon que je viens de rappeler, s’attache, telle qu’elle est, à la simple qualité de l’extension. La qualité ayant de la valeur dans une terre qui est devenue un centre de population, est sa capacité superficielle ; que le sol soit fertile, soit un terrain d’alluvion, comme à Philadelphie, que ce soit un terrain profond comme à la Nouvelle-Orléans, un marais comme à Saint-Pétersbourg, un désert sablonneux comme à San-Francisco, cela importe peu.

Et là où cette valeur semble tenir à des qualités naturelles supérieures, par exemple là où l’eau est profonde et le mouillage bon, où l’on trouve de riches dépôts de charbon et de minerai, des forêts remplies de bois de charpente, l’observation prouve encore que ces qualités supérieures sont découvertes, rendues tangibles par la population. Les champs de charbon et de fer de la Pensylvanie, qui aujourd’hui valent des sommes