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tions, il s’établit à côté des deux autres. Un autre, puis un autre arrive, si bien que le premier colon se trouve entouré de voisins. Le travail a maintenant une efficacité dont il ne pouvait approcher dans l’état solitaire. S’il y a un travail pesant à faire, à rouler des troncs d’arbres, les colons s’unissent et en un jour accomplissent ce qui aurait demandé des années à un seul homme. Quand l’un tue un bœuf, les autres prennent une part, de sorte qu’ils ont tous souvent de la viande fraîche. Ils se cotisent pour avoir un maître d’école et les enfants de chacun sont instruits pour une part fractionnelle de ce que le même enseignement aurait coûté au premier colon. Il devient comparativement facile d’envoyer à la ville voisine, car il y a toujours quelqu’un y allant. Mais ces voyages sont moins utiles. Un forgeron et un charron se sont bientôt établis, et notre colon peut faire réparer ses outils pour une petite partie du travail qu’ils lui coûtaient auparavant. Un magasin s’ouvre, et il peut y trouver ce dont il a besoin au moment voulu ; puis une poste le met en communication avec le reste du monde. Puis viennent un charpentier, un bourrelier, un médecin ; bientôt s’élève une petite église. Il peut se donner des jouissances qui étaient impossibles alors qu’il était solitaire. Au point de vue intellectuel et social, pour cette partie de l’homme qui l’élève au-dessus de l’animal, il trouve de quoi satisfaire ses désirs. La sympathie, le sentiment de l’association, l’émulation stimulée par la comparaison et le contraste, ouvrent et remplissent une vie plus variée. En se réjouissant, d’autres se réjouissent ; dans le chagrin, les affligés ne pleurent pas solitairement. On organise à différentes époques des parties de plaisir. Bien que la salle de bal ait des murs sans tentures, et que l’orchestre ne soit composé que d’un violon, les notes du magicien sont encore d’accord, et Cupidon danse avec les danseurs. Au mariage des uns, les autres admirent et se réjouissent ; dans la maison visitée par la mort, il y a des veilleurs ; et devant la tombe ouverte, la sympathie humaine soutient les affligés. De temps en temps arrive