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tal qui lui fait souhaiter la venue d’un étranger quel qu’il fût, il travaille avec tous les désavantages matériels de la solitude. Il ne peut recevoir aucune aide temporaire pour les travaux qui demandent une plus grande union de force que ne peut lui offrir sa propre famille, ou n’importe quel serviteur il a pu engager. Bien qu’il ait du bétail, il ne mange pas souvent de viande fraîche, car pour avoir un beefsteak il faut qu’il tue un bœuf. Il faut qu’il soit son propre forgeron, carrossier, charpentier, cordonnier ; en résumé il est « un apprenti en tout, un maître en rien. » Il ne peut instruire ses enfants, car il lui faudrait pour cela payer et entretenir un maître exprès. Les choses qu’il ne peut pas produire lui-même, il faut qu’il en achète de grandes quantités et les conserve, ou s’en passe, car il ne peut pas constamment quitter son travail et faire un long voyage vers la lisière de la civilisation ; lorsqu’il est forcé de le faire, pour chercher une fiole de médecine, ou remplacer une tarière rompue, cela lui coûte son travail et celui de ses chevaux pendant peut-être plusieurs jours. Dans ces circonstances, la nature a beau être généreuse, l’homme est pauvre. Il lui est facile de récolter de quoi manger ; mais en dehors de cela, c’est à peine si tout son travail suffit pour satisfaire ses besoins les plus simples, et de la façon la plus incomplète.

Bientôt arrive un autre émigrant. Bien que n’importe quelle partie de la plaine illimitée soit aussi bonne qu’une autre, il n’est pas embarrassé de choisir son lieu d’établissement. Bien que la terre soit la même, il y a un endroit qui évidemment est pour lui meilleur qu’aucun autre, c’est celui où il y a déjà un colon, où il pourra avoir un voisin. Il campe à côté du premier arrivé, dont la condition est immédiatement améliorée, et pour lequel bien des choses sont maintenant possibles, qui auparavant étaient impossibles, car deux hommes en s’aidant peuvent faire des choses que jamais un homme seul ne par viendrait à faire.

Arrive un autre émigrant : guidé par les mêmes considéra-