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son, dans les formes les plus simples d’organisation industrielle, amoindrit la quantité laissée au cultivateur comme salaire et intérêt, de même la rente de la terre sur laquelle est construite une cité manufacturière ou commerçante, amoindrit la somme qui peut être partagée en salaires et en intérêt entre le travail et le capital engagés dans la production et l’échange de la richesse.

En résumé, la valeur de la terre dépendant entièrement du pouvoir que sa propriété donne de s’approprier la richesse créée par le travail, l’accroissement de valeur de la terre se fait toujours aux dépens de la valeur du travail. Et par conséquent, si l’accroissement de la puissance productive n’augmente pas les salaires, c’est qu’il augmente la valeur de la terre. La rente absorbe tout le gain, et le paupérisme accompagne le progrès.

Il est inutile de citer des faits. Ils se présenteront d’eux-mêmes au lecteur. C’est un fait général, partout observable, que lorsque la valeur de la terre augmente, alors apparaît le contraste entre la richesse et le besoin. C’est un fait universel que là où la valeur de la terre est la plus considérable, la civilisation exhibe le plus grand luxe à côté de la pauvreté la plus complète. Pour voir des êtres humains dans la condition la plus abjecte, la plus irrémédiable et la plus désespérée, il ne faut pas aller dans les prairies sans fin, dans les cabanes formées de troncs d’arbres des défrichements des forêts vierges, où l’homme avec ses mains seulement, commence la lutte avec la nature, et où la terre n’a encore aucune valeur, mais bien dans les grandes cités où la propriété d’un petit morceau de terrain est une fortune.