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l’intérêt n’augmentent pas. La cause qui donne un surplus au propriétaire terrien, est celle qui refuse ce surplus au travail leur et au capitaliste. Si les salaires et l’intérêt sont plus élevés dans les pays nouveaux que dans les anciens, ce n’est pas, comme le disent les économistes autorisés, parce que la nature donne une rétribution plus grande à l’application du travail et du capital, mais parce que la terre est meilleur marché, et qu’en conséquence, comme la rente prélève une plus petite part du produit, le travail et le capital peuvent garder pour leur part une plus grande portion de ce que donne la nature. Ce n’est pas le produit total, mais le produit net, celui qui reste après que la rente en a été enlevée, qui détermine ce qui peut être partagé. en salaires et intérêt. Donc, le taux des salaires et celui de l’intérêt sont partout fixés, non pas tant par la puissance productive du travail que par la valeur de la terre. Partout où la valeur de la terre est relativement basse, les salaires et l’intérêt sont relativement hauts ; partout où la valeur de la terre est relativement haute, les salaires et l’intérêt sont relativement bas.

Si la production n’a pas dépassé cet état simple où tout le travail est directement appliqué à la terre, et où tous les salaires sont payés avec le produit, on ne peut pas perdre de vue ce fait : quand le propriétaire de la terre prend une plus grande portion du produit, le travailleur doit se contenter d’une portion plus petite.

Mais la complexité de la production dans l’état civilisé où l’échange joue un si grand rôle, où tant de travail opère sur des matériaux séparés de la terre, n’altère pas ce fait, bien qu’elle puisse le dissimuler à celui qui ne réfléchit pas : toute production est faite de l’union des deux facteurs, la terre et le. travail ; et la rente (la part du propriétaire foncier) ne peut s’accroître qu’aux dépens des salaires (la part des travailleurs) et de l’intérêt (la part du capital). De même que la portion de la récolte que reçoit le propriétaire du sol comme rente à la fin de la mois-