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CHAPITRE VIII.

LES DONNÉES DU PROBLÈME AINSI EXPLIQUÉES.

Nous avons obtenu une théorie claire, simple, conséquente, de la distribution de la richesse ; cette théorie est d’accord avec les premiers principes et les faits existants, et une fois comprise, est évidente en elle-même.

Avant d’exposer cette théorie, j’ai jugé nécessaire de prouver l’insuffisance des théories courantes ; car, en pensée comme en action, la majorité des hommes ne fait que suivre ses chefs, et une théorie des salaires, qui, non seulement est appuyée sur l’assentiment d’économistes célèbres, mais encore est fermement enracinée dans les opinions et les préjugés généraux, empêchera toujours, à moins qu’on prouve qu’elle est insoutenable, de seulement examiner une autre théorie ; de même, la théorie qui faisait de la terre le centre de l’univers, empêcha d’admettre la théorie qui faisait tourner la terre sur son axe, et autour du soleil, jusqu’au moment où il fut clairement prouvé que les mouvements apparents des corps célestes ne pouvaient être expliqués si l’on conservait la théorie de la fixité de la terre.

Il y a en réalité une grande ressemblance entre la science de l’économie politique, telle qu’on l’enseigne aujourd’hui, et la science de l’astronomie, telle qu’on l’enseignait avant l’adoption de la théorie de Copernic. Les moyens artificiels par lesquels l’économie politique courante essaie d’expliquer les phénomènes sociaux qui forcent aujourd’hui l’attention du monde civilisé, peuvent très bien être comparés au système compliqué de cycles et d’épicycles inventé par les savants pour expliquer les phénomènes célestes suivant les dogmes imposés par l’autorité et par les impressions grossières et les préjugés des ignorants. Et de même que les observations qui prouvaient que ce système