Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/227

Cette page n’a pas encore été corrigée

Les occupations primitives et fondamentales sur lesquelles ainsi dire fondées toutes les autres, sont évidemment celles qui tirent directement la richesse de la nature ; donc, la loi des salaires de ces occupations doit être la loi générale des salaires. Et comme dans ces occupations les salaires dépendent évidemment de ce que le travail peut produire sur le point le plus bas de production où il s’applique ordinairement, donc les salaires dépendent généralement des limites de la culture, ou, pour parler plus correctement, du point le plus haut de productivité naturelle auquel le travail est libre de s’appliquer lui-même sans être obligé de payer une rente.

Cette loi est si évidente qu’on l’exprime parfois sans l’admettre. On dit souvent que dans des pays comme la Californie ou le Nevada le travail bon marché aiderait beaucoup au développe ment du pays, parce qu’il permettrait d’exploiter les dépôts plus pauvres, mais plus étendus, de minerai. Ceux qui s’expriment ainsi perçoivent une relation entre les salaires bas et un point inférieur de production, mais ils intervertissent la cause et l’effet.

Ce n’est pas parce que les salaires baisseraient qu’on exploiterait les dépôts moins riches ; c’est l’extension de la production aux dépôts inférieurs qui abaissera les salaires. Si l’on pouvait arbitrairement abaisser les salaires, comme cela a été fait par fois par des lois, on n’exploiterait pas les mines pauvres tant qu’il y en aurait de riches. Mais si l’on abaissait arbitrairement la limite de production, si les mines les plus riches étaient entre les mains d’individus aimant mieux attendre un accroissement futur de valeur que de les faire exploiter immédiatement, alors les salaires baisseraient nécessairement.

La démonstration est complète. Nous avons obtenu la loi des salaires comme corollaire de la loi de la rente et s’harmonisant parfaitement avec la loi de l’intérêt. La voici :

Les salaires dépendent de la limite de production, ou du produit que peut obtenir le travail au point le plus élevé de