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ils espèrent rencontrer des résistances moindres. De plus, toutes les gradations dans les salaires se fondent l’une avec l’autre par des degrés imperceptibles, au lieu d’être nettement séparées par des intervalles définis. Les salaires des artisans, même des moins payés, sont en général plus élevés que ceux des simples laboureurs ; mais il y a toujours quelques artisans qui, dans l’en semble, ne font pas autant que quelques laboureurs ; le mieux payé des avocats reçoit plus que le mieux payé des clercs ; mais le mieux payé des clercs fait plus que quelques avocats, et, de fait, le plus mal payé des clercs fait plus que le plus mal payé des avocats. Ainsi, sur la lisière de chaque occupation, se tiennent ceux dont les motifs de s’occuper d’une façon ou d’une autre se balancent si bien, que le plus petit changement suffit pour les déterminer à travailler dans une direction ou dans une autre. Donc toute augmentation ou toute diminution dans la demande d’un travail d’un certain genre ne peut, à moins que ce ne soit temporairement, élever les salaires de ce genre de travail, ni les faire baisser au-dessous du niveau relatif des salaires des autres occupations, niveau déterminé par les circonstances déjà citées, agrément relatif, continuité du travail, etc., etc. L’expérience prouve que, même où des barrières artificielles s’opposent à cette action des salaires les uns sur les autres, où il y a par exemple des lois, des règlements de corporations, des castes, ces entraves peuvent gêner, mais non empêcher l’établissement de l’équilibre. Elles opèrent comme les digues qui élèvent l’eau d’un fleuve au-dessus de son niveau, mais ne peuvent l’empêcher de déborder.

Ainsi, bien que les relations entre les salaires puissent changer de temps en temps, comme changent les circonstances qui déterminent les niveaux relatifs, il est pourtant évident que les salaires à tous les degrés doivent en dernier lieu dépendre des salaires les plus bas et les plus élevés, le taux général des salaires s’élevant ou baissant, suivant que ceux-ci haussent ou baissent.