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ne peuvent jamais, d’une façon permanente,’excéder le produit du travail, et que par conséquent il n’y a pas de fonds d’où l’on puisse en aucun temps tirer les salaires, excepté le fonds que crée constamment le travail.

Mais, bien que toutes les circonstances qui produisent les différences entre les salaires des différentes occupations puissent être considérées comme opérant par l’intermédiaire de l’offre et de la demande, elles peuvent (elles, ou plutôt leurs effets, car parfois la même cause opère de différentes manières) être séparées en deux classes, selon qu’elles tendent seulement à élever des salaires apparents, où selon qu’elles tendent à élever des salaires réels, c’est-à-dire à augmenter la récompense moyenne qu’obtient une activité égale. Les gages élevés de certaines occupations ressemblent beaucoup, suivant la comparai son d’Adam Smith, aux lots d’une loterie, où le grand gain de l’un est fait des pertes de beaucoup d’autres. Ceci n’est pas seulement vrai des professions que cite le Dr Smith, c’est encore le plus souvent vrai des salaires de la surveillance, dans les opérations commerciales, ainsi que le prouve le fait que quatre vingt-dix maisons de commerce sur cent qui se fondent, font faillite. Les gages élevés de ces occupations qui dépendent de certains états du temps, ou autrement sont intermittentes et incertaines, sont encore de la même classe ; tandis que les différences qui viennent de la difficulté, du discrédit, de l’insalubrité, etc., de l’occupation, impliquent des différences de sacrifices qui reçoivent des compensations plus fortes et ne font que maintenir le niveau des rétributions égales pour des efforts égaux. Toutes ces différences ne sont en somme que des égalisations naissant de circonstances qui, suivant les paroles d’Adam Smith, « expliquent les petits gains de certaines positions, et contre-balancent les gains élevés des autres. » Mais à côté de ces différences apparentes, il y a des différences réelles de salaires qui sont causées par la plus ou moins grande rareté des qualités requises, les capacités ou l’adresse, naturelles ou ac-