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dans ces occupations primitives et fondamentales où s’engage d’abord le travail, et qui, même dans les sociétés très développées, forment encore la base de la production, ne dépendent pas seulement de l’intensité ou de la qualité du travail lui même. La richesse est le produit de deux facteurs, la terre et le travail, et ce qu’une somme de travail rapportera variera avec les substances et forces naturelles mises en œuvre. Ceci étant, le principe d’après lequel l’homme cherche à satisfaire ses dé sirs avec le moins d’effort possible, fixera les salaires suivant le produit de ce travail appliqué au point de plus haute puissance productive ouvert au travail. De plus, en vertu de ce même principe, le point le plus haut de puissance productive naturelle ouvert au travail dans les conditions existantes, sera le point le plus bas où se fasse la production, car les hommes, forcés par une loi suprême de l’esprit humain à chercher à satisfaire leurs désirs avec le moins d’effort possible ; ne dépenseront pas leurs forces sur un point ou la production est faible, quand un point ou elle est forte, leur est ouvert. Donc, les salaires qu’un patron doit payer seront déterminés par le point le plus bas de la productivité naturelle, qu’atteigne la production, et les salaires hausseront ou baisseront suivant que ce point se déplace.

Par exemple : dans un état primitif de société, chacun travaille pour soi-même, les uns chassant, les autres pêchant ou cultivant la terre. Supposons qu’on ne fait que commencer à cultiver la terre, et que les terres sont toutes de la même qualité, donnant le même revenu pour le même travail. Les salaires donc, car bien qu’il n’y ait ni patron ni ouvrier, il y a cependant des salaires, les salaires donc seront le produit complet du travail, et en faisant la part de la différence d’agrément, de risques, etc., entre les trois genres d’occupation, ils seront égaux en moyenne, c’est-à-dire que des efforts semblables donneront des résultats semblables. Alors, si un homme veut employer quelques-uns de ses compagnons à travailler pour lui au lieu de travailler pour eux-mêmes, il devra leur payer