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la libre compétition, règle l’égalisation des salaires et des profits, — le principe d’après lequel les hommes cherchent à satisfaire leurs désirs avec le moins d’effort possible, — opère de façon à établir et à maintenir cet équilibre entre les salaires et l’intérêt.

Cette relation naturelle entre les salaires et l’intérêt, cet équilibre d’après lequel chacun représente un revenu égal pour un effort égal, peut être exposée de façon à suggérer l’idée d’un rapport d’opposition ; mais cette opposition n’est qu’apparente. Dans une association entre Frédéric et Henri, si l’on dit que Frédéric reçoit tant sur les profits, cela veut tout de suite dire que la part de Henri est plus ou moins forte que celle de Frédéric ; mais si, comme dans ce cas, chacun reçoit seulement ce qu’il ajoute au fonds commun, l’augmentation de la part de l’un ne diminuera pas ce que reçoit l’autre.

Une fois cette relation fixée, il est évident que l’intérêt et les salaires doivent s’élever et tomber en même temps, et que l’intérêt ne peut s’accroître sans que les salaires augmentent ; ni les salaires baisser sans que l’intérêt baisse. Car si les salaires baissent, l’intérêt doit baisser proportionnellement ; autrement il deviendrait plus profitable de transformer le travail en capital que de l’appliquer directement ; tandis que si l’intérêt baisse, les salaires doivent baisser proportionnelle ment, ou autrement l’accroissement du capital se trouverait enrayé.

Nous ne parlons naturellement pas des salaires ou de l’intérêt particuliers, mais du taux général du salaire et de l’intérêt (en voulant toujours dire par intérêt le revenu que peut assurer le capital, moins l’assurance et les salaires de la surveillance). Dans un cas particulier, dans un mode spécial d’emploi, la tendance des salaires, ou de l’intérêt, à l’équilibre peut être contrariée ; mais entre le taux général des salaires, et le taux général de l’intérêt, nous devons trouver facilement cette tendance agissant. Car, bien que dans une branche particulière