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travail une récompense égale à celle qu’il aurait reçu s’il avait été dépensé dans le premier mode.

Ainsi l’intérêt naît de la puissance d’accroissement que les forces reproductives de la nature, et la possibilité de l’échange, analogue comme effet, donnent au capital. Ce n’est pas une chose arbitraire, mais naturelle ; ce n’est pas le résultat d’une organisation sociale particulière, mais des lois de l’univers qui soutiennent la société. Il est donc juste.

Ceux qui parlent d’abolir l’intérêt tombent dans une erreur semblable à celle qui donne une apparence de vérité à la théorie qui fait sortir les salaires du capital. Quand ils pensent à l’intérêt, ils n’ont en vue que celui qui est payé par l’homme qui emploie le capital, au possesseur du capital. Évidemment ceci n’est pas tout l’intérêt, ce n’est qu’un genre d’intérêt. Quiconque se sert de capital et obtient l’accroissement de richesse qu’il est capable de donner, reçoit un intérêt. Si je plante un arbre et le soigne jusqu’au moment où il rapporte, je reçois par ses fruits l’intérêt du capital accumulé qu’il représente, c’est-à-dire du travail dépensé. Si j’élève une vache, le lait qu’elle me donne matin et soir n’est pas simplement la récompense du travail actuellement fait, mais l’intérêt du capital que mon travail, dépensé en l’élevant, a accumulé sur la vache. Et de même, si j’emploie mon capital à aider directement la production en le transformant en machines, ou à l’aider indirectement par l’échange, je reçois un avantage spécial, distinct du caractère reproductif du capital, aussi réel, bien que peut-être moins clair, que celui que je recevrais si j’avais prêté mon capital à une autre personne qui me paierait un intérêt.