Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’augmentation de la rente et de l’abaissement des salaires. La déduction prouve que cette cause doit nécessairement produire des stagnations industrielles périodiques, et l’induction justifie cette conclusion ; pendant que l’analyse que l’on vient de faire montre que le résultat nécessaire du progrès matériel est, la terre étant propriété privée, et indépendamment de l’accroissement de population, de forcer les travailleurs à accepter des salaires à peine suffisants pour vivre.

Cette identification de la cause qui associe la pauvreté au progrès indique le remède, mais ce remède est si radical que j’ai cru nécessaire de chercher s’il n’en existait pas quelque autre. Reprenant mon enquête en partant d’un autre point, j’ai passé en revue les mesures qu’on propose généralement comme devant améliorer la condition des masses ouvrières. Cette nouvelle enquête a eu pour résultat de confirmer la précédente, en ce qu’elle montre aussi qu’il n’y a rien de mieux que de rendre la terre propriété commune pour relever d’une manière durable la propriété et réprimer la tendance des salaires à descendre jusqu’au point où ils n’empêchent même pas l’ouvrier de mourir de faim.

Mais nous soulevons ici une question de justice et entrons dans le domaine de la morale. Une étude de la nature et du fondement de la propriété nous prouve alors qu’il y a une différence fondamentale et indestructible entre la propriété des choses qui sont le produit du travail et la propriété de la terre ; que l’une a une base naturelle et une sanction et que l’autre n’en a pas, et que, reconnaître la propriété exclusive du sol, c’est nécessairement nier le droit de propriété sur les produits du travail. En approfondissant la question, on trouve que la