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quand les salaires sont élevés, et bas là, où et quand les salaires sont bas.

Commençons par le commencement. Nous avons déjà suffisamment vu quelles étaient la nature et les fonctions du capital, mais, au risque de faire une digression, essayons de déterminer la cause de l’intérêt avant d’en considérer la loi. Cette recherche nous aidera en nous donnant une idée plus ferme et plus nette du sujet, et pourra nous conduire à des conclusions dont l’importance pratique apparaîtra plus tard.

Quelle est la raison et la justification de l’intérêt ? Pourquoi l’emprunteur doit-il rendre en paiement au prêteur plus qu’il n’a reçu ? Ces questions méritent une réponse, non seulement à cause de leur importance théorique, mais au point de vue de la pratique. Le sentiment que l’intérêt vole l’industrie se répand des deux côtés de l’Atlantique et se fait de plus en plus jour dans la littérature et les mouvements populaires. Ceux qui exposent l’économie politique courante disent qu’il n’y a pas conflit entre le travail et le capital, et repoussent comme injurieux envers le travail comme envers le capital, tous les projets de restriction de la récompense qu’obtient le capital ; cependant ils enseignent dans les mêmes ouvrages que les salaires et l’intérêt sont en relation inverse, et que l’intérêt sera bas ou élevé suivant que les salaires seront élevés ou bas[1]. Il est clair que si cette doctrine est correcte, la seule objection qu’en se plaçant au point de vue du travailleur, on puisse logiquement faire à tout projet de réduction de l’intérêt, est que ce projet ne serait pas applicable, ce qui évidemment n’est pas une bonne raison alors que l’idée de l’omnipotence de la loi est encore si répandue ; et bien qu’une semblable objection puisse faire abandonner un projet particulier, elle n’empêchera pas d’en formuler d’autres.

Pourquoi l’intérêt existerait-il ? L’intérêt nous dit-on dans tous les livres classiques est la récompense de l’abstinence.

  1. En réalité on dit cela des profits, mais en ayant évidemment en vue les revenus du capital