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s’élever et tomber avec les salaires, qu’il dépend en dernier ressort, de même que la rente, de la limite de culture, ou point de la production où la rente commence. Une étude semblable, mais indépendante, des lois du salaire, donne des résultats harmonieux semblables. Ainsi les trois lois de répartition se trouvent liées harmonieusement entre elles, et l’on arrive à voir que le fait que la rente s’élève partout avec le progrès matériel, explique le fait que les salaires et l’intérêt ne s’élèvent pas.

Quelle cause détermine ce progrès de la rente, voilà la première question qui s’élève maintenant ; elle nécessite un examen de l’effet du progrès matériel sur la répartition de la richesse. Divisant les facteurs du progrès matériel en accroissement de population, et en perfectionnement des arts, on voit d’abord que l’accroissement de population tend constamment à augmenter la proportion du produit total qui est pris pour rente, et à diminuer celui qui devient salaire et intérêt, et cela non seulement parce que la limite de culture est abaissée, mais encore parce que les économies et les forces de la population s’accroissant, se localisent. Éliminant alors l’accroissement de population, on voit que les perfectionnements apportés dans les méthodes et les forces de production tendent au même but, et que, la terre étant tenue comme propriété privée, ces améliorations produiraient, dans une population stationnaire, tous les effets attribués par Malthus à l’excès de population. À considérer les effets de l’accroissement continu des valeurs foncières qui naît ainsi du progrès matériel, on découvre dans la hausse spéculative inévitable quand la terre est propriété privée une cause dérivée, mais des plus puissantes,