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naturelles, telles que mines, pêcheries, etc., a été complètement expliquée par tous les principaux économistes depuis Ricardo ; mais son simple énoncé a toute la force d’une proposition évidente par elle-même, car il est clair que l’effet de la compétition est de faire que la récompense la plus basse pour laquelle le travail et le capital veulent s’engager dans la production, soit précisément la plus élevée qu’ils puissent demander ; et, par conséquent, de permettre au propriétaire d’une terre plus productive de s’approprier, sous forme de rente, tout le revenu qui dépasse ce qu’il faut pour récompenser le travail et le capital suivant le taux ordinaire, c’est-à-dire suivant ce qu’ils peuvent obtenir sur la moins productive des terres employées (ou sur le point le moins productif) pour laquelle, naturelle ment, il n’est point payé de rente.

On comprendrait peut-être mieux la loi de la rente si on l’exposait sous cette forme : la propriété d’un agent naturel de production donnera le pouvoir de s’approprier autant de richesse produite par l’emploi du travail et du capital, qu’il y en aura en plus du revenu que le même emploi de travail et de capital pourrait tirer de l’occupation la moins productive entreprise librement.

Cependant ceci revient précisément au même, car il n’y a pas d’occupation entreprise par le travail et le capital qui ne nécessite pas l’usage de la terre ; et de plus, la culture, ou usage quel conque de la terre, aura toujours une rémunération aussi basse, toutes choses étant considérées, que celle librement acceptée pour n’importe quelle autre entreprise. Supposons par exemple une communauté dans laquelle une part du travail et du capital est consacrée à l’agriculture, et une part aux manufactures. La terre cultivée la plus pauvre rapporte un revenu moyen que nous appellerons 20 ; le revenu moyen du travail et du capital sera donc 20, pour les manufactures comme pour l’agriculture. Supposons qu’une cause permanente réduise le revenu des manufactures à 15. Il est clair que le travail et le capital employés