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le propriétaire et celui qui fait usage de la terre sont ainsi la même personne, toute la part de son revenu qu’il pourrait obtenir en louant la terre à un autre est une rente, tandis que la part qui lui revient pour son travail et son capital, est cette part de revenu que lui donneraient le travail et le capital s’il louait la terre au lieu de la posséder. La rente est également exprimée dans un prix de vente. Quand on achète une terre, le paie ment qu’on fait pour acquérir la propriété ou droit à un usage perpétuel, est une rente échangée ou capitalisée. Si j’achète une terre à bas prix et la garde jusqu’à ce que je puisse la vendre pour un prix élevé, je suis devenu riche non pas par les salaires payés pour mon travail, ou pour l’intérêt payé pour mon capital, mais par une augmentation de rente. En résumé, la rente est la part de la richesse produite que le droit exclusif à l’usage de la terre donne au propriétaire. Partout où la terre a une valeur au point de vue de l’échange, il y a rente au sens économique du mot. Partout où la terre ayant une va leur est cultivée soit par le propriétaire, soit par le locataire, il y a une rente actuelle ; partout où elle n’est pas cultivée, mais a cependant une valeur, la rente est potentielle. C’est cette capacité de produire une rente qui donne de la valeur à la terre. Tant que sa propriété ne confère aucun avantage, la terre n’a pas de valeur[1].

Donc, la rente ou la valeur de la terre ne naissent pas de la productivité ou de l’utilité de la terre. Elle ne représente en aucune façon une aide ou un avantage donné à la production, mais simplement le pouvoir de s’assurer une partie des résultats de la production. Quelles que soient ses forces productives, la terre ne peut produire une rente et n’a aucune valeur, à moins que quelqu’un ne veuille donner du travail ou les résultats du travail pour acquérir le privilège d’en faire usage ; et

  1. En parlant de la valeur de la terre, j’emploie et j’emploierai des portant à la valeur de la terre nue. Quand je voudrai parler de la valeur de la terre et des améliorations, j’emploierai ces mots eux-mêmes.