Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et que, lorsqu’on veut la mettre à l’épreuve, elle se ruine d’elle-même de fond en comble.

Jusqu’ici les résultats de l’enquête, quoique extrêmement importants, sont surtout négatifs. Ils montrent que les théories courantes n’expliquent pas d’une façon satisfaisante le rapport qu’il y a entre la pauvreté et le progrès matériel, mais ne jettent aucune lumière sur le problème lui-même, prouvant seulement qu’il faut en chercher la solution dans les lois qui gouvernent la répartition de la richesse. Il devient donc nécessaire de porter les recherches de ce côté. Une étude préliminaire montre que les trois lois de répartition doivent nécessairement correspondre entre elles ; c’est ce qu’elles ne font pas d’après l’économie politique courante, un examen de la terminologie en usage révèle la confusion de pensée qui cache cette contradiction. Examinant alors les lois de répartition, j’ai commencé par la loi de la rente. L’économie politique en a donné une définition correcte, on le voit rapidement. Mais elle n’a pas apprécié toute l’étendue de son champ d’application, n’a pas compris qu’elle avait pour corollaires les lois du salaire et de l’intérêt — les causes qui déterminent quelle part du produit doit revenir au propriétaire foncier, déterminant nécessairement quelle part doit être laissée au travail et au capital. Sans en rester là, j’en suis arrivé à formuler une déduction indépendante des lois de l’intérêt et du salaire. Je me suis arrêté pour déterminer la cause réelle et la justification de l’intérêt, et dévoiler la source de bien des notions erronées — la confusion entre ce qui est réellement les profits du monopole, et les revenus légitimes du capital. Revenant alors à mon principal sujet d’étude, j’ai démontré que l’intérêt doit