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chacun d’eux représentant clairement une de ces parts à l’exclusion des autres. D’après sa définition, le mot rente exprime assez clairement la première de ces parts, celle qui va aux propriétaires de la terre. D’après sa définition, le mot salaire exprime assez clairement la seconde de ces parts, celle qui constitue la récompense du travail. Mais quant au troisième terme, celui qui devrait exprimer ce qui revient au capital, il règne à son propos dans les ouvrages classiques l’ambiguïté et la confusion la plus embarrassante.

De tous les mots en circulation, celui qui exprime le plus exclusivement l’idée de revenu pour l’emploi du capital, est celui d’intérêt, qui, tel qu’on s’en sert en général, implique l’idée de revenu pour l’emploi du capital, et exclut toute idée de travail dans son usage, de tout risque, excepté ceux qui peuvent être impliqués dans l’assurance. Le mot profit, tel qu’on l’emploie ordinairement, est presque synonyme de re venu ; il signifie un gain, une somme reçue en plus d’une somme dépensée, et renferme souvent des recettes qui font à proprement parler partie de la rente ; en même temps il signifie aussi presque toujours une recette qui, en réalité, est un salaire, et une compensation pour les risques particuliers attachés aux différents usages du capital. À moins de faire violence à la signification du mot, on ne peut donc pas s’en servir en économie politique pour signifier cette part du produit qui va au capital, en opposition aux parts qui vont au travail et à la terre.

Tout cela, les livres classiques d’économie politique le reconnaissent bien. Adam Smith montre bien comment le salaire et la compensation pour les risques courus entrent dans les profits, en rappelant que les profits considérables des pharmaciens et les gains médiocres des détaillants sont en réalité le salaire de leur travail et non l’intérêt de leur capital ; et que les grands profits qu’on fait parfois dans des affaires où les risques sont nombreux, ne sont en réalité que la compensation de ces risques