Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

c’est d’établir des principes généraux ; je confie à mes lecteurs le soin d’en tirer des applications là où cela est nécessaire.

Sous certains rapports, ce livre sera mieux apprécié par ceux qui ont quelque connaissance de la littérature économique ; mais aucune lecture préalable n’est nécessaire pour comprendre la discussion et juger de l’excellence des conclusions. Les faits sur lesquels je me suis appuyé ne sont pas ces faits qui ne peuvent être contrôlés que par des recherches dans les bibliothèques. Ce sont des faits du domaine de l’observation ordinaire, du savoir ordinaire, que chaque lecteur peut vérifier par lui-même, comme il peut décider si les arguments qu’on en tire sont bons ou mauvais.

J’ai commencé par exposer brièvement les faits qui m’ont engagé à faire ces recherches, par examiner la raison qu’on donne couramment, au nom de l’économie politique, de ce fait : pourquoi, en dépit de l’accroissement de la puissance de production, les salaires tendent-ils à devenir le minimum de ce qu’il faut pour vivre ? Cet examen montre que la théorie courante du salaire est fondée sur une idée fausse, et que, en réalité, le salaire est produit par le travail pour lequel on le donne, et devrait, toutes choses restant égales, augmenter avec le nombre des travailleurs. Ici on rencontre une doctrine qui est le fondement et le centre de bien des théories économiques importantes, et qui a exercé une grande influence dans toutes les directions, la doctrine de Malthus : la population tend à augmenter plus vite que les moyens de subsistance. L’étude des faits montre cependant que cette théorie ne peut réellement s’appuyer ni sur les faits ni sur l’analogie,