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additionnel, quelque chose s’ajoute au véritable fonds des salaires, addition au fonds commun de richesse qui, généralement parlant, est beaucoup plus considérable que la somme qu’il reçoit comme salaire.

La baisse des salaires ne peut pas non plus être expliquée par la théorie que la nature accorde moins à mesure qu’augmentent les emprunts que lui fait la population s’accroissant ; car l’efficacité croissante du travail fait de l’état progressif un état de production s’accroissant continuellement par tête, et les pays où la population est la plus dense, toutes les autres choses étant égales, sont toujours les pays les plus riches. Jusqu’à présent nous n’avons fait qu’accroître l’embarras qu’on éprouve en face du problème. Nous avons détruit une théorie, qui, d’une certaine manière adoptée par la mode, expliquait les faits existants ; mais avec cela nous n’avons fait que rendre les faits existants plus inexplicables. C’est comme si, alors que le système de Ptolémée régnait en maître, on avait simplement prouvé que le soleil et les étoiles ne tournent pas autour de la terre. Les phénomènes du jour et de la nuit, et du mouvement apparent des corps célestes, seraient restés inexpliqués et la vieille théorie se serait inévitablement raffermie avant qu’une meilleure ne vint l’ébranler à nouveau et prendre sa place. Notre raisonnement nous a conduits à cette conclusion que chaque travailleur producteur produit son propre salaire, et qu’un accroissement dans le nombre des travailleurs, augmenterait le salaire de chacun ; au lieu que d’après les apparences il semble que les faits soient ceux-ci : il y a beau coup de travailleurs qui ne peuvent obtenir un emploi rémunérateur, et un accroissement dans le nombre des travailleurs amène une diminution dans les salaires. En résumé nous avons prouvé que les salaires devraient être très élevés là où ils sont très bas.

Néanmoins, même en ne faisant que cela, nous avons fait quelque progrès. En découvrant qu’il est inutile de chercher à