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tions de richesse ne peuvent expliquer une grande consommation de richesse que si la richesse accumulée décroît, et que partout où la somme de richesse accumulée se maintient égale, ou encore s’accroît, la grande consommation de richesse doit impliquer une grande production de richesse. De plus, que nous comparions plusieurs communautés entre elles, ou l’état d’une même communauté à différentes époques, il est évident que l’état progressif qui est marqué par un accroissement de population l’est aussi par un accroissement de richesse accumulée, non seulement pour l’ensemble, mais par tête. Donc, accroissement de population, pour ce que nous connaissons jusqu’à présent du moins, ne signifie pas réduction, mais accroissement dans la production moyenne de richesse.

La raison de ceci est évidente. Car même si l’accroissement de population réduit la puissance du facteur naturel de la richesse, en forçant d’avoir recours aux sols pauvres, etc., il augmente tellement la puissance du facteur humain que la perte est plus que compensée. Vingt hommes travaillant ensemble là où la nature se montre avare, produiront plus de vingt fois plus que la richesse produite par un homme là où la nature est prodigue. Plus la population est dense, plus le travail est subdivisé, et les économies de production et de distribution grandes ; donc le contraire même de la théorie de Malthus est vrai ; et, dans les limites où nous avons quelque raison de supposer que l’accroissement se fera dans un état donné quelconque de civilisation, un nombre plus grand d’individus produira toujours une somme proportionnée plus grande de richesse, et fournira de quoi satisfaire plus complètement à leurs besoins, que ne le ferait un plus petit nombre.

Considérons simplement les faits. Y a-t-il rien de plus clair que ceci : la cause de la pauvreté qui existe dans les centres de civilisation n’est pas la faiblesse des forces productives ? Dans les pays où la pauvreté est la plus grande, les forces productives sont évidemment assez fortes, si elles étaient complètement