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travail recommence et la richesse reparaîtra presque immédiatement. C’est ce qu’on a toujours remarqué là où la guerre, ou une autre calamité quelconque avait détruit toute richesse en laissant intacte la population. Il n’y a pas aujourd’hui à Londres moins de richesse qu’autrefois à cause du grand incendie de 1666 ; ni à Chicago à cause du grand incendie de 1870. Sur les terrains balayés par le feu, la main du travail a élevé des constructions plus magnifiques, rempli de plus de marchandises des magasins plus grands ; et l’étranger qui, ignorant l’histoire de cette ville, parcourt ses larges avenues, ne pourrait jamais supposer que quelques années auparavant tout cela était nu et noir. Le même principe — la richesse est constamment créée à nouveau — se montre clairement dans chaque nouvelle ville. Étant données la même population et la même efficacité de travail, la ville fondée d’hier possédera les mêmes choses et en jouira de même que la cité fondée par les Romains. Quiconque a vu Melbourne ou San-Francisco croit sûrement que, si l’on transportait dans la Nouvelle-Zélande toute la population de l’Angleterre sans capital accumulé, la Nouvelle-Zélande serait bientôt aussi riche que l’est l’Angleterre aujourd’hui ; et inversement, que si l’on réduisait la population de l’Angleterre comme l’est celle de la Nouvelle-Zélande, l’Angleterre malgré sa richesse accumulée, serait bientôt aussi pauvre. La richesse accumulée semble jouer par rapport à l’organisme social, le rôle que joue dans l’organisme physique la nourriture accumulée. Un peu de richesse accumulée est nécessaire, et jusqu’à un certain point, peut être employée dans des circonstances embarrassantes ; mais la richesse produite par les générations passées ne peut pas plus servir dans la consommation actuelle, que les dîners mangés l’année dernière ne donnent actuellement de la force à un homme.

Mais sans même s’occuper de toutes ces considérations auxquelles j’ai fait allusion plus pour leur portée générale que pour leur portée particulière, il est évident que les grandes accumula-