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taux moins élevé des salaires, est celui de la cause et de l’effet ? Est-il vrai que les salaires sont plus bas parce que le travail produit moins de richesse ?

Au contraire ! Au lieu d’être moindre en 1879 qu’en 1849, je suis convaincu que la puissance de production du travail en Californie a été plus considérable. Et personne, me semble-t-il, considérant de combien l’efficacité du travail a été augmentée en Californie par les routes, les quais, les canaux, les chemins de fer, les bateaux à vapeur, les télégraphes, et toutes les inventions mécaniques, par des relations plus intimes avec le reste du monde, par les économies sans nombre résultant de l’accroissement de population, ne doutera que la récompense que le travail reçoit de la nature en Californie, est en somme beaucoup plus grande aujourd’hui qu’elle ne l’était aux jours des placers non épuisés et du sol vierge ; l’accroissement de puissance du facteur humain ayant plus que compensé le déclin de la puissance du facteur naturel. Cette conclusion est la seule correcte ; c’est ce que prouvent bien des faits qui montrent que la consommation de richesse est maintenant beaucoup plus grande, comparée au nombre des travailleurs, qu’elle ne l’était alors. Au lieu d’une population presque uniquement composée d’hommes dans la force de l’âge, il y a maintenant des femmes et des enfants dans la population, et le nombre des non-producteurs a grandi dans une plus grande proportion que la population ; le luxe a plus augmenté que les salaires n’ont baissé ; là où les meilleures maisons étaient de toile et de papier, il y a aujourd’hui des maisons qui rivalisent en magnificence avec les palais d’Europe ; il y a des voitures armoriées dans les rues de San-Francisco, et des yachts de plaisir dans la baie ; les classes qui peuvent vivre somptueusement de leurs revenus sont rapidement nées ; il y a des hommes riches auprès desquels les plus riches des premiers jours paraîtraient pauvres ; en résumé, on trouve partout les preuves les plus frappantes et les plus concluantes que la production et la consom-