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Sud ? L’Angleterre, où la population est encore plus dense que dans les États Est de l’Union, n’est-elle pas aussi plus riche en proportion ? Où trouverez-vous la richesse consacrée avec autant de prodigalité à des usages improductifs, constructions coûteuses, ameublements somptueux, équipages luxueux, statues, peintures, jardins d’agrément, yachts de plaisir ? N’est-ce pas là où la population est la plus dense, et non là où elle est la plus éparpillée ? Où trouverez-vous en plus grand nombre ceux que la production générale fait vivre sans qu’il y ait de leur part travail productif, rentiers, hommes vivant dans une oisiveté élégante, voleurs, agents de police, serviteurs domestiques, hommes de loi, hommes de lettres, et autres ? N’est-ce pas là où la population est la plus dense et non là où elle est éparpillée ? D’où sortent les capitaux considérables cherchant un placement rémunérateur ? N’est-ce pas des pays à population dense, pour se répandre dans les pays à population éparpillée. Il me semble que tout ceci prouve d’une façon concluante que la richesse est plus grande là où la population est plus dense ; que la production de la richesse par une somme donnée de travail augmente à mesure que la population augmente. Le fait est apparent, de quelque côté que nous tournions les yeux. Le degré de civilisation étant le même, les industries productives, le gouvernement, etc., étant pareillement développés, ce sont les pays les plus peuplés qui sont toujours les plus riches.

Prenons un cas particulier, un cas qui, au premier abord semble être en faveur de la théorie que nous attaquons, celui d’une communauté où pendant que la population augmentait considérablement, les salaires diminuaient beaucoup, et où il est évident que la générosité de la nature a diminué. Cette communauté c’est celle de la Californie. Quand, à la nouvelle de la découverte de l’or, une bande d’émigrants s’élancèrent en Californie pour la première fois, ils trouvèrent un pays où la nature était de l’humeur la plus généreuse. Sur les bords des