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le veau marin prend un saumon cela fait un saumon de moins, et là où le nombre des veaux marins dépasse un certain point, le nombre des saumons doit diminuer ; tandis qu’en plaçant le frai du saumon dans des conditions favorables, l’homme peut accroître le nombre des saumons de façon à compenser et au delà les prises qu’il peut faire ; de sorte que, de quelque quantité que s’accroisse le nombre des hommes, leurs besoins ne dépasseront jamais ce qu’il faut de saumons pour y subvenir.

En résumé pendant que, pour le règne animal et végétal, la limite de la subsistance est indépendante de la chose qui subsiste, pour l’homme la limite de la subsistance est, tant qu’il s’agit de terre, d’air, d’eau, de chaleur solaire, dans la dépendance de l’homme lui-même. Ceci étant vrai, l’analogie qu’on a voulu trouver entre les formes inférieures de la vie et l’homme, se trouve évidemment fausse. Pendant que les végétaux et les animaux luttent contre les limites de la subsistance, l’homme ne peut les atteindre tant qu’il n’a pas atteint les limites du globe. Ceci n’est pas seulement vrai de l’ensemble, mais encore de toutes les parties. De même que nous ne pouvons pas abaisser le niveau de la plus petite baie, de la plus petite crique sans abaisser le niveau non seulement de l’Océan avec lequel elle communique, mais encore celui de toutes les mers et de tous les océans du monde, de même la limite de la subsistance dans un endroit n’est pas la limite physique de cette place, mais la limite physique du globe. Dans l’état actuel des industries productives, cinquante milles carrés de terrain ne fourniront la nourriture qu’à quelques milliers d’individus, et cependant sur cette surface, qui est celle de la ville de Londres, trois millions et demi d’hommes sont nourris, et leurs moyens de subsistance augmentent à mesure que la population augmente aussi. Pour ce qui regarde la limite de la subsistance, Londres peut arriver à avoir cent millions, cinq cent millions, ou mille millions d’habitants, car elle tire sa subsistance du monde entier, et la limite que les moyens de subsistance opposent à sa croissance en po-