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Cette analogie est-elle valide ? C’est du règne animal et du règne végétal que l’homme tire sa nourriture, et par conséquent si la force de la puissance de reproduction dans le règne animal et végétal est plus grande que chez l’homme, cela prouve simplement que les moyens de subsistance ont la faculté de croître plus vite que la population. Le fait que toutes les choses qui fournissent à l’homme sa nourriture ont la faculté de se multiplier par cent, par mille, parfois par des millions ou des billions, alors que l’homme ne fait que doubler son nombre, ne montre-t-il pas que, laissât-on les créatures humaines se reproduire sans aucune entrave, jamais l’augmentation de population n’excédera les moyens de subsistance ? Ceci est parfaitement clair quand on se rappelle que, bien que dans le règne animal et végétal, chaque espèce, en vertu de sa force reproductive, arrive nécessairement et naturellement à se trouver dans les conditions qui limitent son accroissement ultérieur, cependant ces conditions ne sont nulle part fixes et immuables. Aucune espèce n’atteint les dernières limites de sol, d’eau, d’air, de chaleur solaire ; mais la limite actuelle pour chacune, c’est l’existence d’autres espèces, ses rivales, ses ennemies, ou sa nourriture. Donc l’homme peut élargir les conditions qui limitent l’existence de telle de ces espèces qui lui fournissent un aliment (dans quelques cas son apparition seule les élargira) ; ainsi les forces reproductives des espèces qui fournissent sa nourriture au lieu de s’user en luttant contre les limites primitives, les dépassent pour lui, et si rapidement que sa puissance d’accroissement ne peut pas rivaliser. Si l’homme tue les faucons, les oiseaux bons à manger augmenteront ; s’il prend des renards les lapins de garenne se multiplieront ; le bourdon avance avec le pionnier, et de la matière organique dont l’homme remplit les rivières, les poissons se nourrissent.

Même si l’on écarte toute considération des causes finales ; même si l’on ne se permet pas de supposer que la force de reproduction constante et très grande chez les végétaux et les