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qui viennent du besoin ne peuvent pas plus être attribués à l’avarice de la nature que les six millions d’hommes tués par Genghis Khan, la pyramide de crânes de Tamerlan, ou l’extermination des anciens Bretons, ou les habitants aborigènes des Indes occidentales.



CHAPITRE III.

ÉTUDE DES ANALOGIES.

Si de l’examen des faits que l’on cite à l’appui de la théorie de Malthus, nous passons à celui des analogies également citées à l’appui, nous découvrirons que les uns ne sont pas plus concluants que les autres.

La force de la puissance de reproduction du règne animal et du règne végétal — un couple de saumons pourrait, s’il était défendu contre ses ennemis naturels pendant quelques années, remplir l’Océan ; un couple de lapins, dans les mêmes conditions, peuplerait un continent ; beaucoup de plantes produisent des centaines de graines ; quelques insectes pondent des milliers d’œufs ; partout dans chacun de ces règnes, les espèces tendent à pulluler, et lorsqu’elles ne sont pas arrêtées par leurs ennemis, pullulent en réalité au delà des limites imposées par la somme des moyens de subsistance — est constamment citée, depuis Malthus jusque dans les manuels de nos jours, comme prouvant que cette population aussi tend à dépasser les moyens de subsistance, et lorsqu’elle n’est pas entravée par d’autres moyens, son accroissement naturel doit avoir pour résultat nécessaire, l’abaissement des salaires, la misère ou (si cela ne suffit pas et que l’augmentation continue) la famine qui fera rentrer la population dans les barrières imposées par la subsistance.