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des emprunts qu’on y fait. La cause réelle de la misère dans l’Inde a été et est encore la rapacité de l’homme et non l’avarice de la nature.

Ce qui est vrai de l’Inde l’est aussi de la Chine. Quelque dense que soit la population dans certaines parties, les faits prouvent que l’extrême pauvreté des basses classes doit être attribuée à des causes semblables à celles qui ont agi dans l’Inde, et non à l’excès de population. L’insécurité est complète, la production se fait dans des conditions extrêmement désavantageuses, le commerce est entravé. Là où le gouvernement est une succession d’actes oppressifs, et où il faut acheter à un mandarin la sécurité pour un capital quelconque ; où les épaules de l’homme sont les grands moyens de transport par terre ; où la jonque est forcément construite de façon à ne pas tenir la mer ; où la piraterie est un commerce régulier ; où les voleurs marchent en régiments, la pauvreté doit prévaloir, et la non-réussite de la moisson, avoir pour résultat la famine, quels que soient l’éparpillement ou la densité de la population[1]. La Chine est capable de nourrir une population beaucoup plus grande, c’est ce que montrent les grandes étendues incultes dont tous les voyageurs attestent l’existence, et les immenses dépôts minéraux qu’on sait y exister. Ainsi, par exemple, on dit que la Chine renferme les mines de charbon les plus riches du globe. On peut facilement imaginer combien l’exploitation de ce charbon aiderait à faire vivre une population plus considérable. Le charbon n’est pas un aliment, c’est vrai ; mais sa production équivaut à une production de nourriture. Car non seulement on peut échanger le charbon pour des aliments, comme cela se fait dans tous les districts houillers, mais encore la force développée par sa combustion peut être employée dans la production des aliments, ou peut permettre au travail de s’appliquer librement à la production des aliments.

  1. Le siège de la récente famine en Chine n’était pas dans les provinces les plus peuplées.