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ratte, et souvent le palanquin du voyageur anglais traversait des villes et des villages silencieux que la nouvelle de son approche avait rendus déserts. »

Sur ces horreurs que Macaulay ne fait que signaler, l’éloquence vive de Buckle jette une lumière plus éclatante, et montre des districts entiers livrés à la cupidité de ce qu’il y a de pire dans l’espèce humaine, des paysans frappés par la pauvreté, torturés pour leur arracher leurs petits trésors, et des régions populeuses changées en désert.

Mais la licence sans frein du premier gouvernement anglais fut bientôt réprimée. La main ferme de l’Angleterre a donné à toute une grande population plus que la paix romaine ; les principes équitables de la loi anglaise ont été répandus par un ensemble très étudié de codes, et des magistrats ont été institués pour assurer au plus humble de ces peuples abjects les droits d’un anglo-saxon libre ; on a coupé la péninsule de lignes de chemins de fer, et construit de grands travaux d’irrigation. Et cependant, redoublant de fréquence, les famines se sont succédées, se développant avec une plus grande intensité sur des surfaces plus grandes.

Ceci n’est-il pas une démonstration de la théorie de Malthus ? Cela ne prouve-t-il pas que quelque augmentés que soient les moyens de subsistance la population ne continue pas moins à être excessive par rapport à eux ? Cela ne montre-t-il pas, comme le soutenait Malthus, que fermer les écluses par les quelles était emporté le trop-plein de population, c’est forcer la nature à en ouvrir d’autres, et que, à moins que les sources de l’accroissement de population ne soient prudemment en rayées, il n’y a d’autre alternative que la guerre ou la famine ? C’est là l’explication orthodoxe. Mais, d’après les faits mis en lumière par les journaux anglais à la suite des récentes discussions sur les affaires de l’Inde, la vérité c’est que ces famines qui ont détruit et détruisent encore des millions d’hommes, ne sont pas plus causées par l’excès de population sur les moyens