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cratie. D’après la supposition que la population tend à doubler tous les vingt-cinq ans, ils devraient être, 2, 150 ans après la mort de Confucius, 859, 559, 193, 106, 709, 670, 198, 710, 528. Au lieu de ce nombre inimaginable, les descendants de Confucius, 2, 150 ans après sa mort, sous le règne de Kanghi, étaient 11, 000 mâles, ou disons 22, 000 âmes. Cela fait une grande différence, d’autant plus frappante si l’on se rappelle que la considération en laquelle on tient cette famille à cause de son ancêtre « le plus saint des anciens maîtres, » a dû empêcher toute application du frein positif, et que les maximes de Confucius sont loin d’enseigner la pratique du frein de prudence.

Cependant on peut dire que même cet accroissement est très considérable. Vingt-deux mille personnes descendant d’un seul couple en 2, 150 ans, voilà qui est loin de la progression de Malthus, et qui cependant suggère l’idée d’un encombrement possible.

Examinons la chose. Un accroissement de descendants ne prouve pas un accroissement de population. Smith et sa femme ont un fils et une fille qui respectivement épousent la fille et le fils de quelqu’un d’autre, et ont chacun deux enfants. Smith et sa femme auront ainsi quatre petits-enfants ; mais cela ne fera pas une génération plus nombreuse que l’autre ; chaque enfant ayant quatre grands — parents. En supposant que cela se renouvelle, les descendants finiront par être des centaines, des milliers, des millions ; mais dans chaque génération de descendants il n’y aura pas plus d’individus qu’il n’y en avait dans une génération quelconque d’ancêtres. Le tissu des générations est comme une toile où les fils sont en treillis ou en diagonales. En commençant à un point quelconque du sommet, les yeux suivent des lignes qui à la fin divergent considérablement ; mais en commençant à un point quelconque de la fin, les suivent des lignes qui divergent de la même façon vers le sommet. Combien un homme peut-il avoir d’enfants, c’est problé-