Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/122

Cette page n’a pas encore été corrigée

réfutation de ce qu’avance le livre, car la revue de ce que Malthus appelle les freins positifs à l’excès de population, prouve simplement que les résultats qu’il attribue à l’excès de population ont actuellement d’autres causes. De tous les cas cités, et à ce sujet le monde entier, ou à peu près, est passé en revue, dans lesquels le vice et la misère arrêtent l’accroissement, soit en limitant le nombre des mariages, soit en abrégeant la longueur de la vie humaine, il n’y en a pas un seul dans lequel on puisse attribuer au vice et à la misère l’accroissement actuel du nombre de bouches dépassant la force des mains qui les accompagnent pour les nourrir ; mais dans chaque cas on voit le vice et la misère naître soit de l’ignorance et de la rapacité, soit d’un mauvais gouvernement, de lois injustes, ou d’une guerre destructive.

Et ce que Malthus n’a pas su prouver, personne ne l’a su depuis lui. On peut inspecter le globe entier, fouiller dans l’histoire, et chercher vainement un exemple d’un grand pays[1] où la pauvreté et le besoin soient uniquement attribuables à l’excès de population. Quelque soient les dangers possibles renfermés dans la puissance d’accroissement de l’humanité, ils n’ont encore jamais éclaté. Quelqu’ils puissent être parfois, ce n’est pas encore là le mal dont a souffert l’humanité. La population tendant toujours à dépasser les limites que lui imposent les moyens de subsistance ! Comment se fait-il alors que notre globe, depuis les milliers ou les millions d’années que l’homme y habite, ait encore une population si clairsemée ? Comment se fait-il


    le sujet. Il est en grande partie rempli par un examen de certaines doctrines de M. Ricardo, et d’une étude sur la nature et les causes de la valeur. Rien n’est moins satisfaisant que ces discussions. En réalité, jamais M. Malthus n’a eu une idée claire des théories de M. Ricardo, ou des principes qui déterminent la valeur en échange de différents articles. »

  1. Je dis un grand pays parce qu’il peut y avoir de petites îles, comme les Iles Pitcairn, privées de communications avec le reste du monde, ne connaissant par conséquent aucun des échanges nécessaires aux modes perfectionnés de production naissant à mesure que la population augmente de densité, qui peuvent sembler offrir de semblables exemples. Un moment de réflexion montrera que ce sont des cas exceptionnels et hors de cause.