Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/119

Cette page n’a pas encore été corrigée

ler de Malthus et ceux qui n’ont pas la moindre idée de sa théorie, la professent et en raisonnent.

Néanmoins, comme la théorie courante des salaires a dû s’évanouir devant un examen sérieux, de même je crois que sa jumelle, la théorie de Malthus, doit disparaître devant l’étude des faits. En prouvant que les salaires ne sont pas tirés du capital, nous avons soulevé de terre cet Antée.


CHAPITRE II.

ÉTUDE DES FAITS.

L’acceptation de la théorie de Malthus et la haute autorité dont elle a été revêtue font qu’il m’a semblé nécessaire de revoir les causes qui ont contribué à lui donner une si grande influence dans la discussion des questions sociales.

Mais quand nous soumettrons la théorie elle-même à l’épreuve d’une analyse approfondie, je crois que nous la trouverons aussi insoutenable que la théorie courante des salaires.

D’abord les faits qui sont cités à l’appui de cette théorie ne sont pas concluants, et les analogies invoquées ne lui apportent aucun soutien.

En second lieu, il y a des faits qui la réfutent complètement. Je vais au cœur de la question en disant que rien ne justifie, par expérience ou par analogie, la supposition qu’il y a une tendance de la population à augmenter plus vite que les moyens de subsistance. Les faits cités pour prouver cette tendance montrent simplement que là où, par l’effet de l’éparpillement de la population, comme dans les pays nouveaux, là où par l’effet de la distribution inégale de la richesse, comme parmi les classes pauvres des pays anciens, la vie humaine est occupée par les nécessités physiques de l’existence, la tendance de la reproduc-