Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/109

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’autre, que Buckle passant en revue l’histoire du développement de l’économie politique, dans son « Examen de l’intellect écossais pendant le xviiie siècle, » attribue à Malthus l’honneur d’avoir « prouvé d’une manière décisive » la théorie courante des salaires en formulant la théorie courante de la pression de la population sur la subsistance. Il dit dans son Histoire de la civilisation en Angleterre, vol. III, chap. V :

« A peine le XVIII° siècle était-il terminé quand il fut prouvé d’une façon définitive que la récompense du travail dépend uniquement de deux choses : l’étendue du fonds sur lequel on paie tout travail, et le nombre des ouvriers entre lesquels on divise le fonds. Cet important degré ajouté à notre savoir l’a été sur tout, mais pas entièrement, par Malthus dont l’ouvrage sur la population, outre qu’il marque une époque dans l’histoire de la pensée spéculative, a déjà produit des résultats pratiques considérables, et en fera probablement naître de plus grands encore. Cet ouvrage a été publié en 1798 ; Adam Smith était mort en 1790 ; il n’eût donc pas le plaisir, qui aurait été si grand pour lui, de voir comment ses propres idées étaient étendues plutôt que corrigées. En réalité il est certain que sans Smith il n’y aurait pas eu de Malthus ; c’est-à-dire que si Smith n’avait pas édifié les fondations, Malthus n’aurait pas pu élever la superstructure. »

La fameuse doctrine qui a si profondément influencé la pensée, non seulement dans la sphère économique, mais encore dans les régions de la spéculation la plus haute, fut formulée par Malthus à peu près en ces termes : la tendance naturelle de la population (ainsi que le montre la croissance des colonies de l’Amérique du Nord) est de se doubler elle-même à peu près tous les vingt-cinq ans, s’accroissant ainsi suivant un rapport géométrique, tandis que les moyens de subsistance qu’on peut tirer de la terre « dans les circonstances les plus favorables à l’industrie humaine ne peuvent que croître suivant un rapport arithmétique, c’est-à-dire ne peuvent tous les vingt-cinq ans